Des protocoles, des couples
L’Institut national d’études démographiques a rendu publiques les chiffres de sa dernière étude portant sur la Procréation Médicalement Assistée et ils parlent d’eux-mêmes :
en France, un enfant sur trente serait conçu grâce à la PMA.
Dans un contexte de débat autour de l’ouverture des droits à ces techniques aux couples homosexuels et aux femmes célibataires, il est intéressant de constater la grande diversité des profils de ceux qui font appel à la science pour combler leurs espoirs de parentalité.
En effet, si 70% des enfants issus de la PMA sont conçus grâce à la Fécondation In Vitro (FIV), il existe une multitude de profils de couples infertiles et tout autant de protocoles différents.
Une infertilité non physiologique
Le cas de Julie n’est pas le plus courant et pourtant sans la PMA ses deux filles ne seraient pas là aujourd’hui :
“Quand avec mon compagnon nous avons décidé d’avoir un bébé, j’ai immédiatement arrêté la pilule que je prenais depuis des années en continu. Au bout de quelques mois, ne voyant pas mes règles revenir et sans aucun symptôme de grossesse, j’ai fini par consulter.
Après plusieurs examens ma gynécologue m’a expliqué que suite à une période d’anorexie que j’avais connu quelques années plus tôt, je souffrais d’insuffisance hypophysaire. Si tout allait bien au niveau physiologique (trompes, utérus, ovaires, etc.) la “télécommande” qui contrôlait mes hormones au niveau de mon cerveau était bloquée en mode pause…et sans son action, je ne pouvais pas ovuler et donc encore moins tomber enceinte.
Ma gynécologue m’a dirigé vers le centre de PMA dépendant de l’hôpital de ma ville et j’ai été assez rapidement pris en charge.
Le médecin a décidé de me poser une pompe LHRH que je devais porter en continu, un dispositif ressemblant un peu à celui que les diabétiques peuvent porter pour recevoir de l’insuline. Ainsi, mon corps recevait en permanence des hormones à petites doses imitant l’action de l’hypophyse et me permettant donc d’ovuler naturellement.
Je suis tombée enceinte au bout de deux mois pour la première fille et quand nous avons eu le désir d’un second enfant j’ai remis ce dispositif et ai attendu à peine un mois avant ma seconde grossesse.
Mon compagnon a été très présent, aussi bien pendant les rendez-vous médicaux qu’au quotidien car certains aspects de la pompe étaient durs à supporter.
J’estime que nous avons eu énormément de chance dans notre malheur et que nous avons été très bien entourés.”
Pour Luis et Anouk les choses ont été un peu plus compliquées :
Un parcours du combattant
“Après plusieurs mois d’essais infructueux nous avons décidé de consulter le gynécologue de ma femme pour savoir si l’un d’entre nous avait un problème. Suite à de très nombreux examens, le verdict a été sans appel : nous étions tout les deux infertiles, avec quasiment aucune chance d’avoir un jour un enfant ensemble de manière naturelle. C’est ce qu’on appel une mauvaise équation, l’un sans l’autre nous aurions peut-être pu y arriver mais ensemble c’était un projet qui tenait de l’utopie.
Anouk souffrait du syndrome des ovaires polykystiques et pour ma part j’étais atteint d’oligospermie (pas assez de spermatozoïdes).
Anouk a commencé à suivre avec son gynécologue un protocole de stimulation ovarienne. Presque à chaque cycle elle devait s’injecter des hormones quotidiennement, par des piqûres dans le ventre qu’elle avait appris à faire seule. Je suis vraiment admiratif de la volonté et la force d’esprit dont elle a fait preuve pendant tout ce temps.
Quand elle parviendrait à ovuler grâce à cette stimulation, nous procéderions ensuite à une insémination artificielle.
Nous avons essayé, cycle après cycle, sans résultat. Elle devait souvent couper court à ses traitements car elle hyper-stimulait, ses ovaires répondaient trop fortement malgré les doses ajustées et les produits changés.
Au bout de presque un an nous sommes enfin parvenus à l’insémination. Nous étions pleins d’espoir, mais quelques jours après elle a eu des saignements et nous avons compris que cela n’avait pas fonctionné. Il nous a donc fallu repartir depuis le début, dans les piqûres et les traitements hormonaux qui la fatiguaient et modifiaient son corps.
Finalement, un an plus tard nous y sommes parvenus. La troisième insémination a été la bonne et Anouk est tombée enceinte.
Nous avons eu très peur les trois premiers mois qu’elle fasse une fausse couche mais finalement sa grossesse s’est déroulée sans aucun problème.
Notre fils, Isaac a aujourd’hui 5 ans et si il est la plus belle chose qui nous soit jamais arrivés nous ne sommes pas prêts à nous relancer dans cette aventure éreintante.”
Julie, Luis et Anouk sont loin d’être des cas isolés. Si la tendance continue, 400 000 enfants auront vu le jour en 2019 grâce à la science et ses progrès.
Reste à savoir si d’autres parents aspirants qui ne souffrent pas d’une pathologie mais n’ont pas pour autant la possibilité de le devenir naturellement, comme les couples homosexuels et les femmes célibataires, auront également accès à ce droit dans les prochaines années.