Belle-maman et moi c’est une longue histoire.

On se connait depuis presque dix ans à présent et pourtant entre nous l’ambiance ne s’est jamais vraiment réchauffée.
Pas de motif particulier à cela, pas de dispute, simplement une certaine distance et une politesse cordiale lorsque nous nous voyons.
Je crois qu’elle n’a jamais digéré le fait que je prenne la place de femme numéro un dans la vie de son fils chéri. Un peu cliché, je sais, mais pourtant vrai.
Depuis que Yannick et moi sommes en couple, je suis devenue celle à qui il demande son avis en premier, le pilier sur lequel il peut s’appuyer et la personne qui le réconforte lorsqu’il en a besoin. Autant dire qu’il ne lui a pas été facile de céder la place !

Les choses ont pourtant semblé changer lors de ma première grossesse.

Ma belle-mère est devenue plus présente dans notre vie et s’est même mise à m’appeler directement sur mon téléphone pour prendre de mes nouvelles ce qu’elle n’avait jamais fait jusque là !
J’ai accueilli ce changement avec un esprit positif. Mes parents vivant à l’étranger, notre futur bébé serait certainement amené à connaître davantage ses grands-parents paternels et je voulais qu’il naisse dans une ambiance familiale chaleureuse.

J’ai donc mis mes réserves de côté et je l’ai laissé rentrer dans notre vie intime, me confiant à elle sur les peurs et les doutes que je pouvais avoir face à cette maternité nouvelle.
A la naissance de Maël, notre fils, elle est devenue constante dans notre entourage…très présente et même trop…
Après une naissance mouvementée puisque prématurée de 4 semaines, nous avions envie et besoin de nous retrouver tous les trois seuls pour démarrer ensemble cette nouvelle vie de famille.
Mais elle ne nous en a pas vraiment laissé l’occasion…

Une belle-mère omniprésente

Mon mari lui avait envoyé un texto pour la prévenir que je rentrais en salle d’accouchement. Nous pensions lui proposer de venir avec le père de Yannick rencontrer leur petit-fils le lendemain, une fois que le bébé et moi nous serions un peu reposés…
Quelle surprise lorsque quelques minutes après l’accouchement, alors que je profitais d’un moment de peau à peau avec mon fils, une aide soignante est venue nous avertir qu’elle attendait dans le couloir et demandait quand elle pourrait rentrer !

Epuisée, encore sous le choc, je n’ai pas réagi à ce moment-là et je l’ai autorisée à venir voir Mael dès que les médecins ont donné leur accord.
Ca a été ma pire erreur. En l’autorisant à partager ce moment qui aurait dû rester dans notre intimité familiale au sens le plus strict du terme, je lui ai donné un mauvais signal…je l’ai laissé adopter un rôle qui n’était pas le sien.

Les jours qui ont suivi ont été insupportables. Ma belle-mère était là en permanence avec nous, répondant aux besoins de mon fils avant que je n’en n’ai l’occasion, profitant du fait que je doive rester alitée quelques jours pour pouponner comme j’aurais voulu le faire…sous mes yeux impuissants et à la place de mon mari, qui aurait dû davantage assumer son rôle de père dès les premiers jours.
Intimidé devant ces nouvelles responsabilitées et devant son fils de petit gabarit qui lui semblait si fragile, il s’est beaucoup reposé sur sa mère la laissant le changer, lui donner le biberon, le bercer et le laver quand il aurait dû faire tout cela à sa place, ou encore m’aider à le faire dans la mesure du possible.

Pour ajouter au malaise, sa mère ne manquait pas une occasion de laisser entendre que la naissance prématurée de Maël était dûe à mon manque de prudence…Selon elle, j’avais été trop active à la fin de ma grossesse et j’aurais du me reposer davantage. Elle sous-entendait que j’avais mis égoïstement la vie de mon fils en danger et je ne pouvais plus supporter cela !

Il n’y en avait plus que pour son petit-fils…fini l’entente cordiale entre nous deux, la soudaine empathie dont elle avait fait preuve avec moi durant la grossesse s’était envolée pour n’être plus que reproches et critiques sur la façon dont je m’occupais de mon fils !

Le résultat ne s’est pas fait attendre…sur les nerfs et épuisée, j’avais l’impression d’étouffer en devant supporter sa présence et ses remarques déplacées à longueur de journée !
J’ai donc posé un ultimatum à mon mari : soit il faisait comprendre à sa mère que désormais il faudrait qu’elle reste à sa place et qu’elle nous laisse vivre les premières semaines de notre fils ensemble et comme nous l’entendions, soit, dès que je serais remise, je prenais le premier vol pour l’île Maurice avec Maël et j’allais passer quelques semaines chez mes parents. Sans lui.

Quand la mise au point s’impose

Devant ma colère et surtout ma détresse sincère, Yannick a compris son erreur et a reconnu qu’il n’aurait jamais dû laisser sa mère prendre une telle place dans notre vie de famille.
Je ne sais pas exactement ce qu’il lui a dit, mais le lendemain elle n’est pas venue (elle n’a pas pu s’empêcher de téléphoner à son fils pour savoir comment allait Mael) et les jours suivants non plus…
Nous avons enfin pu profiter tous les trois et commencer à construire notre famille à nous…

Le week-end suivant nous sommes allé rendre visite à mes beaux-parents et ma belle-mère a ainsi pu pouponner son petit-fils adoré pendant toute l’après-midi.
Depuis, je suis parfaitement rétablie et Yannick a de son côté repris le travail. Je profite donc de mon congé maternité pour m’occuper à temps plein de mon fils et même si c’est loin d’être facile tous les jours, je suis pleinement heureuse.
Quant à ma belle-mère, je laisse toujours une distance entre nous car je sais qu’à la moindre occasion elle n’hésitera pas à venir envahir à nouveau notre intimité…

Sarah.S

Propos recueillis et retranscris par Tous parents