L’allaitement long est souvent perçu comme hors-norme dans notre société actuelle. On se demande bien pourquoi puisqu’il n’y a rien de plus naturel pour une mère que de nourrir son enfant.

Pourtant, moi-même durant ma première grossesse je n’étais pas certaine de vouloir allaiter. J’avais peur d’avoir mal, de ne pas y arriver, que ça soit trop contraignant…
Quand ma fille est née la sage-femme m’a conseillé d’essayer et de lui offrir la fameuse “tétée de bienvenue”. J’ai été stupéfaite et émerveillée de voir à quel point cela se passait bien et était naturel. Ma fille prenait mon sein comme si elle savait exactement comment faire.

J’ai donc décidé de continuer, je n’avais pas vraiment d’idée de combien de temps cela durerait, peut-être trois ou six mois…

Les premières semaines d’allaitement ont été les plus compliquées. Même si ma fille prenait bien le sein je souffrais d’engorgements (j’ai été épargnée par les crevasses heureusement sinon j’aurais probablement baissé les bras) et surtout elle réclamait énormément, environ toutes les deux heures et ce même la nuit.

Épuisée, découragée, j’ai voulu plus d’une fois baisser les bras mais il y avait toujours une petite voix dans ma tête qui me disait de continuer encore un tout petit peu, pour voir…
J’ai aussi eu la chance d’être suivi par une pédiatre fantastique et pro-allaitement qui a su me guider et m’aider dans les difficultés que je rencontrais.

Le groupe Facebook de l’association de la Leche League a également été d’un grand soutien. Je pouvais discuter avec d’autres mamans allaitantes comme moi, échanger autour de nos joies et de nos galères et trouver des conseils auprès des animatrices de l’association.

Le temps a passé et les choses sont devenues de plus en plus simples. Nous avons toutes les deux trouvé notre rythme de croisière, les tétées se sont espacées et ma lactation s’est régulée, me soulageant enfin de ces engorgements douloureux dont j’avais beaucoup souffert.

Je me rappelle qu’une amie m’avait dit à la naissance de ma fille : “tu verras le plus difficile dans l’allaitement c’est les trois premiers mois, c’est pour ça que ça vaut le coup de continuer, après ça n’est que du bonheur !”.
Elle avait tellement raison…

J’ai finalement allaité ma fille jusqu’à ses 23 mois, en parallèle d’une diversification équilibrée à partir de ses six mois.
Comme tout se passait bien il n’y avait pas de raison pour moi d’arrêter. J’ai attendu qu’elle soit prête elle-même et qu’elle réclame de moins en moins pour amorcer en douceur le sevrage, qui s’est fait très progressivement et donc sans problème.

A la naissance de mon fils deux ans plus tard j’ai fait exactement la même chose. Je l’ai allaité sans avoir de plan défini sur le temps que cela durerait.
Finalement, comme sa soeur, il m’a fait comprendre par lui-même un peu avant de souffler sa deuxième bougie qu’il n’en n’avait plus vraiment besoin. Et comme par le passé, arrêter d’allaiter s’est fait naturellement pour l’un et pour l’autre.

J’ai la chance de pouvoir travailler à domicile ce qui a grandement facilité ces deux allaitements.
J’ai tout de même tiré mon lait à plusieurs occasions afin de pouvoir m’absenter sur des courtes ou moyenne durées (journées, week-ends…).
A partir de leurs 12 mois mes enfants ont été gardés à mi-temps à la crèche.
Ils tétaient avant de partir puis à leur retour sans que cela ne pose aucun problème, une fois là-bas ils mangeaient des yaourts pour remplacer la tétée s’ils réclamaient, puis les mêmes repas que les autres enfants.

Allaiter mes deux enfants sur une longue durée a créé un lien très fort entre nous. Je chéris encore le souvenir de ces moments de fusion et de ces tétées qui ne se contentaient pas simplement de les nourrir mais aussi de les consoler, les rassurer et leur transmettre tout mon amour.